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vendredi 31 août 2012

Nuit sixième: Fondo, Italia.





Nuit sixième : Fondo, Trentin, Italia. Camping.
Km 874. 15 Juin 2012.

Les chiffres du jour : 
Km : 150
Temps : 8h06
Cols : 2
Dénivellation positive : 3100m

Particularité : Première étape entièrement italienne et deuxième plus haute route d’Italie avec le Passo di Gavia. Jusqu’ici toutes les routes utilisées ne m’étaient pas inconnue, que ce soit dans le même sens ou non. L’arrivée à Ponte di Legno, marquant l’ascension du Passo Tonale et un virage sur l’Est, constitue la première route « découverte » de Bike for Africa. Maintenant et pour la suite de ce voyage chaque km est une entière découverte.


La route du Stelvio depuis l'hôtel
Après le coucher au Stelvio, le lever…au Stelvio. Revenu 6 km en arrière pour trouver une chambre hier soir, cette journée commence fort avec la fin de l’ascension du Stelvio, 6 km à 9% de pente moyenne ou les… 22 derniers virages. Le soleil généreux de cette matinée me permet d’admirer encore une fois cette fantastique région. Moins fatigué qu’hier soir, au soleil qui plus est, cette seconde ascension est logiquement beaucoup moins difficile que celle d’hier soir.

Au sommet de nombreux shop, vendant maillots de cyclisme, cartes postales, sandwiches et autres. Ici, à 2758m d’altitude, malgré la neige pas encore fondue et la constante fraîcheur, c’est un peu la plage. Une plage d’altitude où la neige a remplacé la mer. Versant sud on aperçoit l’Umbrailpass grimpé hier, puis la route menant jusqu’à Bormio, également empruntée hier. Sur les 2 premiers km de descente de nombreux murs de neiges rappellent qu’ici l’hiver dure toute l’année. Le Stelvio est d’ailleurs une station de ski d’été où le départ des pistes se situent jusqu’à 3400m.



Bormio
Arrivé à Bormio en bouclant la boucle autour du Stelvio entamée hier, il me faudra enchaîner deux cols avant de pouvoir un peu laisser respirer mes jambes avec plus de plats, avant l’arrivée tant attendues dans les Dolomites, prévues demain après-midi.  

Le premier col, le Passo di Gavia versant Nord, 2621m, me mène à travers  le Parc National du Stelvio. Petite route bosselée, bien que moins difficile que le Passo dello Stelvio, le Gavia, grâce à son statut de « Parc National », offre une nature beaucoup plus « intacte » et sauvage  que la plupart des autres cols et stations alpins, gagnés par le tourisme recherchant le luxe matérialiste des villes à  la montagne. 



Passo di Gavia et sa petite route cabossée...
La première partie, la plus facile, traverse de superbes villages dans le fond du Valfurva, puis, devenant peu à peu plus pentu, longe une rivière en pleine forêt, la Frodolfo, jusqu’à la station de ski de « Santa Catherina Valfurva », connue pour accueillir chaque année quelques épreuves féminines de la Coupe du Monde de Ski. Au sortir de la station, la route commence tout de suite à grimper de manières plus raides. En pleine forêt les virages s’enchaînent un à un  permettant, de plus en plus au fil de l’ascension, d’apercevoir les hauts sommets enneigés entourant le col, notamment le « Corno dei Tre Signori » ou le massif de l’Ortles, déjà visible par son autre côté ce matin en grimpant le Stelvio. Au sortir de la forêt, quelques chalets, les derniers avant le col, puis un difficile passage très irrégulier où la route atteint par endroit les 16%. Avec le vent de face et la fatigue cumulée ces derniers jours l’ascension devient vraiment difficile…Les arbres ne poussent plus à cette altitude et autour de moi le décor devient beaucoup plus sec et rocailleux. La température, malgré le soleil omniprésent, diminue sans cesse et la route est dans un état de plus en plus déplorable. Les marmottes sont également très présentes et la limite de la neige est de plus en plus proche .


A 4km de l’arrivée la route s’applatit nettement pour se transformer en un long faux plat menant au col. Un petit lac gelé précéde le col où se pressent de nombreux cyclistes et motards se restaurant à l’auberge du col. La descente versant Sud, menant au village de Ponte di Legno, est encore plus raide mais tout aussi belle, traversant forêt et pâturages. Les virages « secs » font crier mes freins et m’obligent à rouler prudemment. Le Gavia, en plein parc national, restera sans doute comme le col le plus sauvage et « préservé » de ce voyage. D’ailleurs l’histoire raconte que lors du premier passage du Tour d’Italie au Passo di Gavia, le coureur échappé et seul à l’avant s’est arrêté en pleine montée pour attendre le peloton parce qu’il craignait d’y croiser… un Ours. Aujourd’hui, le cyliste voyageant seul dans le Parc National du Stelvio peut profiter du spectacle sans craintes d’y croiser un Ours. Pour mon plus grand bonheur  =).


Alpage peu avant le Tonale
Après ces nombreux détours Nord-Sud ma route repart enfin sur l’Est avec l’ascension du Passo Tonale culminant à 1884m d’altitude, pour 10km d’ascension à 6% de pente moyenne. Beaucoup plus roulant, beaucoup plus facile. Col sans grande particularité ni panoramas inoubliables sa principale (unique !?) difficulté aura été la chaleur. Etouffante, écrasante, cumulée à la fatigue, la température prend l’ascenseur de manière affolante et c’est avec soulagement que j’atteinds enfin le col de Tonale, station de ski sans relief. En deux jours j’aurai passé des débattues calmée par les chocolats chauds aux crampes calmées par plusieurs litres d’eau. Et une bonne glace. Ce qui m’attends, en descendant le col, ne va rien arranger.

Descendant le Val di Sol sur une trentaine de km les paysages vont radicalement changer. Plus secs, plus chauds, plus grands lacs, quelques vignes, plus de circulation  et plus de villages. Un difficile adieu aux montagnes enneigées et sauvages et les premières brûlures aux jambes, aux bras et sur le nez…En franchissant le Gavia après près de 250km à 1800m d’altitude et plus en 5 jours à peine j’espérais quelques km plus roulant, plus « reposant », avant les cols des Dolomites. Mais c’est pourtant très fatigué que nous nous arrêtons dans un camping proche du village de Fondo, à l’entrée des Dolomites. En discutant avec les locaux j’ai appris qu’en plaine il a fait plus de 35°C aujourd'hui. Ici, à 1000m d’altitude, la température a atteint les 30°C. Et on annonce encore plus chaud pour demain. Après la neige, la pluie et le gel, c’est donc avec la canicule que je vais les découvrir, les Dolomites !


Le Val di Sol


Nuit cinquième: Sur les pentes du Stelvio, Italia.





Nuit cinquième : Sur les pentes du Stelivo. Franzenshohe, Berghotel. 2188m.
Km 724. 14 Juin 2012. Haute-Adige. Italia.

Les chiffres du jour :
Km : 158km
Temps : 9h25
Cols : 6
Dénivellation positive : 4400m

Particularités : dernier passage Suisse avec le Val Bernina, puis, après 3 cols italien, un dernier passage dans le val Müstair avant de quitter définitivement la Suisse. 3 langues au programme du jour : l’allemand (Haute-Adige I), le romanche (Val Bernina et Müstair CH) et l’italien (Trentin I). Plus haute route d’Italie et de Suisse au menu…


Le gel ce matin au réveil dans la Bernina. L’Eau de ma gourde a complètement gelé ! Bonnet, gants et équipement d'« hiver » ressortis pour l’occasions, c’est donc dans un atmosphère glacial que commence cette journée.


Magnifique vallée menant au col de la Bernina à 2328m d’altitude, dont la particularité est d’être le plus haut col d’Europe ouvert toute l’année, le Val Bernina permet une mise en jambe matinale parfaite. Depuis le camping, c’est 11km longiligne menant au col, jamais raide. De chaque coté de la route de nombreuses montagnes enneigées permettent de pédaler tranquillement tout en admirant ces paysages grandioses, notamment le Piz Bernina dont le sommet dépasse les 4000m. De l’autre côté du col, le Val di Poschiavo rejoint l’Italie et la ville de Tirano. Grâce à la très belle ligne ferroviaire « Bernina-Express » qui passe également par le col, il est d’ailleurs possible de rejoindre cette ville en train depuis l’Engadine, hiver comme été. 


En grimpant Forcola di Livigno
Cependant ma route ne va pas suivre la ligne ferroviaire jusqu’à Tirano: après 4km de descente en direction de l’Italie, je repars sur le Nord pour grimper la « Forcola di Livigno », col frontière avec l’Italie et deuxième ascencion de la journée, culminant à 2315m. Avant de redescendre sur la station de Livigno dans la vallée du même nom, qui contentera de nombreux sportifs en quête d’altitude et de fraîcheur. Si elle ne m’aura nécessité que 4km, l’ascencion de Forcola di Livigno demeure néamoins comme une très belle route. Entourée de montagnes aux versants plus sec et rocailleux que ceux de la Bernina, elle rappelle un peu les Alpes du Sud (France) voire certaines régions du Valais. La descente sur Livigno, plus longue (15km), rappelle également ces paysages parfois presque « lunaire », avant d’arriver dans les forêts plus typiques des Alpes.


Ici la folle magie des Alpes pèse de tout son poids : en effet, les vallées, bien que très proche les unes des autres, permettent parfois de fortes variations de climats, de végétations et culturels. Apportant à ce voyage une variété incroyable.  La région reste enneigée et fraîche mais aujourd’hui le soleil est bien présent. C’est donc dans un rythme soutenu que je traverse Livigno avant de grimper les cols d’Eira (2208m) et de Foscagcno (2291m). Sans jamais redescendre en-dessous de 1800m avant la descente du Passo  Foscagno, cette matinée restera spéciale grâce à ces nombreux km pédalés en altitude, sans redescendre en plaine. La descente du Passo Foscagno mène, à travers de nombreuses forêts de pins, jusqu’à la très connue station de Bormio. Bref retour à la civilisation avant l’énorme après-midi qui m’attends…En effet au programme, tournant autour du mythique Stelvio, les plus hautes routes de Suisse et d’Italie. Rien que ça...
   

Le "Canyon"
L’Umbrailpass, 2503m, sera la première ascencion de l’après-midi. Bien qu’étant la plus haute route de Suisse il sera grimpé par le versant italien, sur 18km d’ascencion (1200m de dénivellation positive) très sauvage sans traverser le moindre village. Ici la végétation ne ressemble plus vraiment à ce que j’ai connu jusqu’alors. La première partie de l’ascencion se situe dans un énorme canyon ou les pins constitue la principale végétation, remplaçant les sapins habituelles aux Alpes du Nord. La route, serpentant à travers les rochers, est numérotée à chaque virage, dans un ordre décroissant. Par moment celle-ci « entre » dans la montagne et ressort à quelques centimètres de l’impressionnant ravin qui la côtoie, surprenant bons nombres d'automobilistes venus de plates contrées et non-habitué à pareils spectacles. La région est beaucoup plus aride que les cols précédents, pourtant distants de quelques km à peine et de nombreux cyclistes et motards la gravissent, que ce soient pour « l’exploit sportif » ou plus simplement pour la magie qu’elle apporte. Devancés de 18 jours à peine par le Tour d’Italie lors de l’étape reine du Giro 2012, de nombreux noms de cyclistes décorent la route, ce qui renforce encore un peu la sensation de grandeur et "d'exploit" au cycliste qui gravit le Stelvio en ce début d’été. 


Le Stelvio vu depuis l'Umbrail
Après une multitude de virages en épingles, la route « s’applatit » un peu pour les prochains km, « sortant » de ce canyon pour arriver sur un haut plateau ou la verdure, malgré l’altitude (2200m), arrive enfin à ce faire un peu de place. Beaucoup plus longiligne,la route mène ainsi jusqu’à la frontière italo-suisse, à 3km du col du Stelvio,où se situe la bifurcation pour l’Umbrail. La route principale reste en Italie et mène, durant 3km à très pentu et en virages, jusqu’au col du Stelvio. Mais pour pouvoir grimper le Stelvio par l’autre versant, le côté mythique, la face nord, je vais devoir me contenter de l’Umbrail et faire la boucle par la Suisse et quelques km  dans le Val Müstair avant de revenir jusqu’au village italien de « Prad allo Stelvio ». Bien qu’étant en Italie, la langue principale de cette région, la Haute-Adige (ou Süd-Tirol) est l’allemand. Nouveau changement culturel. Mais il est déjà 17h00 quand  je m’attaque enfin au 6ème et dernier col de la journée, le plus dure de ce voyage, le Passo dello Stelvio, face Nord… 

24km pour grimper 1800m, un seul replat de 500 mètres à peine, des passages à 14%, 48 virages en épingles numérotés dans l’ordre décroissant, des paysages incroyables, le Stelvio donne le vertige. Et si vous y ajoutez les 5 cols précedemment grimpés dans la journée, il devient monstrueux...


L'Ortles
Après les 9 premiers km plutôt roulant, les choses sérieuses commence en quittant le village de Trafoi, dernier village avant le col. Dès lors commence le décompte mythique des virages du Stelvio. 48 virages en épingles, à travers la forêt tout d’abord, puis, au sortir de cette dernière, 8km avant le col, escaladant un « mur » de plus en plus raide ou les virages sont de plus en plus serrés. Au haut de ce mur quelques maisons sont visibles,signifiant l’arrivée au col. Cette route impressionnante est entièrement visible durant ces 8 derniers km, renforçant une sensation de grandeur rarement ressentie lors d’une ascencion routière européenne. 
Sur la gauche règne en maître le massif de l’Ortles. Dominant la vallée avec ces neiges étincelantes il donne à l’ascencion quelque chose d’unique. Les cris stridents des nombreuses marmottes, qui ne semblent en aucun cas effrayé par la circulation, se mêlent au crissement de freins des voitures descendant ces virages impressionnant.  Si chaque col est unique, le Stelvio l’est plus encore. 


Et après près de 150km d’étape et 4400m d’ascencion chaque mètre compte, mais chaque mètre est plus dure que le précédent. Le soleil, caché par ce monstrueux mur, est couché pour les 10 derniers km. A plus de 2000m d’altitude, la température chute à 3°C à peine.  Et c'est à 19h45 que je rejoins enfin le Passo dello Stelvio…


En plein effort!

Pour son altitude, sa difficulté, sa route vertigineuse, sa nature, pour sa beauté et tout le reste, le Stelvio donne des frissons… Et ce soir je dors sur ces pentes, en revenant sur mes traces sur quelques km pour mieux le regrimper au petit matin.

Avec 87km à plus de 1800m d’altitude, 6 cols à plus de 2000m dont le plus haut d’Italie (Passo dello Stelvio 2758m) et le plus haut de Suisse (Umbrailpass 2503m), cette étape reste la plus haute de ce voyage.  Avec ces 4400m de dénivellation positive, totalisant 68km d’ascencion, elle possède également le profil le plus difficile. Avec son gel matinal (-1°C au départ du camping Morteratsch, -5°C à l’aube..) elle est aussi la plus fraîche.
Le passage au Stelvio marque la fin de la première partie de ce voyage à travers les Alpes Suisse et une arrivée haute en couleurs en Italie.
La deuxième partie me mènera du Stelvio aux Dolomites, dans l’espoir de découvrir une multitude de paysages.



A droite le Franzenhohe Berghotel, sur les pentes du Stelvio


Bike for Africa pédale pour www.togotochildren.ch





Le  Stelvio, c'est mon coup de coeur, alors si l'envie vous en dit de découvrir cette folle ascension à travers ma passion et ma manière de la vivre, cliquez-ici

lundi 27 août 2012

Nuit quatrième: Pontresina, Svizra





Nuit quatrième : Pontresina, Camping « Morteratsch ». Km 566. Canton des Grisons. CH.       

Les chiffres du jour:
Km : 135                                       
Temps : 7h40
Cols : 3
Dénivellation positive : 3200m

Particularités: Premier passage italien (Val Bregaglia), trois langues (Suisse-allemand-italien-romanche) pour traverser un seul canton, les Grisons.




Quatrième jour beaucoup plus ensoleillé que les précédents, malgré la fraîcheur persistante de ces derniers jours.


Le village de Splügen
Après les 16km de montée matinal, nécessaires pour terminer l’ascencion du très long et  non moins beau San Bernardino, à 2066m d’altitude, arrivée dans la vallée du Rhin et nouveau changement de langue avec le suisse-allemand qui fait son retour. Pas pour longtemps, certes ! Juste le temps de descendre jusqu’au village de Splügen avant l’ascencion du col du même non, culminant à 2113m d’altitude et délimitant la frontière avec l’Italie. Attaqué à 1400m son ascension reste donc très courte mais surtout magnifique. 9km à 7,5% de pente moyenne à travers une vallée sauvage qui mène jusqu’au col. Si le versant côté italien ne ressemble en rien à son homologue suisse il n’a rien à lui envier. Plus long (29km), il plonge jusqu’à la magnifique ville de Chiavenna 1800m plus bas, où la faune ainsi que les villages rappellent tout de suite une arrivée dans le sud. La barre des 500km est d’ailleurs franchie lors de cette incroyable descente aux nombreux virages en épingles, encastré dans des falaises où il est parfois difficilement imaginable qu’on ai eu l’idée d’y construire des routes. Par endroit les voitures doivent d’ailleurs s’y reprendre à deux fois avant de  pouvoir « franchir » un virage.   

La fameuse descente du Splügen
Après l’émotion du 1er jour, les monstrueux cols du 2ème, la neige du 3ème, la descente du Splügen restera le grand moment du 4ème.  A Chiavenna, la température grimpe, car si la neige fraîche tombée deux jours auparavant était encore visible au col, dans la vallée elle atteint bien vite les 30°C
Après ce « redoux » bienvenu, ma route va repartir sur le Nord-Est, repasser en Suisse et remonter le Val Bregaglia jusqu’au col de la Maloja, à 1815m d’altitude. Longue ligne droite montante entrecoupée de palier plus plats avant le mur final de quelques km à peine où les lacets se chevauchent les uns sur les autres avant l’arrivée au col, l’ascencion de la Maloja reste une ascencion spéciale. Entamée en « pleine Italie », avec palmiers et autres arbres de ce « type », elle se termine sur un haut plateau après avoir traversé les forêts de connifères, beaucoup plus communs, rappellant le Nord. Au sommet la neige fraîche est d’ailleurs visible sur les talus environnants. Bien loin mais pourtant si proche (32km !) des palmiers de Chiavenna, la Maloja marque l’entrée dans l’Oberengadine.


Lac de Silvaplana, Haute-Engadine
Attendue avec impatience, l’Engadine va pourtant se mériter… En effet, après les 30°C de Chiavenna, le ciel va se couvrir gentiment. 30 minutes plus tard il fera 15°C, puis 7°C lorsque l’orage éclate peu avant l’arrivée au col. Si y on ajoute le vent de face de plus en plus fort au fil de l’ascencion…C’est donc à nouveaux trempé et bien entamé (presque fini aussi…) que j’arrive au col. 10 minutes plus tard le soleil refait son apparition, et avec lui les couleurs propices aux éclaircies d’après orage ainsi qu’un regain de forme. Rechauffé par ce soleil plein d’énérgie positive, je m’engage enfin à travers l’Engadine.




Magnifique vallée entourée de montagnes splendides au sommet enneigés, l’Engadine offre toujours un peu d’émerveillement à celui qui la traverse. A 1800m d’altitude, longeant les Lacs de Silser, Silvaplana et Saint-Moritz elle permet aussi au cycliste un peu de plat. Fort appréciable après tous ces cols. Surtout que demain, si tout se passe bien, ce ne sont pas moins de …6 cols au programme. Après une dernière « bosse » pour éviter Saint-Moritz et sa circulation, c’est dans un camping, peu après Pontresina (au pied du très beau Piz Bernina dont le sommet dépasse les 4000m), que nous nous arrêtons, mon père et moi. Il est temps de s’alimenter. Vous l’aurez deviné, ce soir… c’est La Pasta au menu.



Camping en pleine Engadine

Bike for Africa pédale pour www.togotochildren.ch


vendredi 24 août 2012

Nuit troisième: San Bernardino, Svizzera.





Nuit troisième: San Bernardino, Auberge.
Km 430. 12 juin 2012. Canton des Grisons. CH.

Les chiffres du jour :
Km : 160
Temps :7h24
Col : 2
Dénivéllation positive : 2000m

Particularités : trois langues à travers trois cantons : Uri (suisse-allemand), Tessin (italien) et les Grisons (romanche, italien et suisse-allemand). Source du Rhein à l’Oberalppass.



Lors d’un voyage à vélo, le 1er jour marque naturellement celui du départ, de l’émotion, de la nouveauté. En partant, tu t’engouffres dans un nouveau monde au nouveau mode de vie, sans horaires et aux contraintes différentes de celles du quotidien. Le 1er jour tu « glorifies » une route banale.Le 2ème jour est encore dans l’élan du premier. L’impatience, freinée le 1er jour par l’appréhension du départ et une nouvelle solitude qu’il te faut gérer, éclate au grand jour. A défaut d’avoir le rythme des jours et des km, tu as la fraîcheur du commencement et la folie du voyage. La lassitude est encore loin. Le 2ème jour tu forces un peu.Le 3ème jour tu payes les deux premiers. Difficultés de rythmes, coup de barres, premiers doutes sur ton physique. C’est encore le début et tu as déjà, certes par moments, les jambes lourdes. Tu te rends comptes que tu n’as pas encore le rythme. Le 3ème jour, parce qu’il est difficile, est capital.


Oberalppass 2046m, col 6
C’est pourquoi je m’étais fixé une étape moins montagneuse que la précédente. Avec des km, mais moins d’ascension. Histoire de prendre un bon rythme sans pour autant se faire « mal ». Au programme deux courte ascencions : l’Oberalppass, culminant à 2046 et ralliant les cantons d’Uri et des Grisons, et le Pass da Lucmagn, à 1920m, ralliant les Grisons (Val Medel) au Tessin (Val Blenio). Deux cols aux profils très roulants et attaqués en altitude, donc sans grande dénivellation positive. Mais ce qui devait être une étape tranquille devint vite une étape beaucoup plus pénible que prévu… Et ce n’est pas un euphémisme !!!



En effet, de la neige dès le réveil au St-Gothard. 12km de descente sous la neige, puis sous une pluie violente et glaciale jusqu’à Andermatt, avant d’attaquer les 11km d’ascension en direction de l’Oberalppass. Après 6km plutôt difficile la route s’applatit peu à peu jusqu’au col. Montée glaciale là aussi, où la pluie devint neige lors des derniers km. Cette dernière devint même tenace au col. Un dernier rappel de l’hiver au mois de Juin pour un énième chocolat chaud. Histoire de garder le moral.



Dans la bonne humeur malgré la neige


Val Medel en grimpant le Lukmanier
C’est donc glacé et couvert de plusieurs couches, pour changer, que je descends le magnifique Val Survelva, région romanche et attachante où les gâteaux au Noix sont encore meilleurs qu’ailleurs. Une magnifique vallée, qui ravira les amateurs de VTT et randonneurs l’été, et qui l’hiver, accueillerade nombreux skieurs, encore bien loin des grandes stations luxueuses et sans profils que l’on trouve bien souvent dans les Alpes. Région Romanche et fière de l’être, le Val Surselva reste à la fois jeune et accueillant tout en gardant un côté très traditionnelle. A (re)découvrir ! Arrivé dans le charmant village de Disentis ma route repart vers le sud et le  sauvage Val Medel, remontant le Lukmanier. Magnifique col, jamais très pentus, c’est un col accessible à tous à byciclette et dont les paysages raviront les amoureux de la nature, amateurs de ballade en particuliers. Au col, c’est 40km de descente jusqu’à Biasca, enfin sous le sec, en descendant le Val Blenio. Puis en descendant toujours vers le Sud, en direction de Bellinzona, le soleil y fait même  son apparition, le thermomètre atteignant même les…23°C.


Arrivée au Tessin
Puis ma route repart vers le Nord et retourne dans les Grisons, italophones cette fois, en direction du San bernardinopass.
Ce dernier, 54km et 1800m plus haut ne sera franchit que demain. C’est donc sur ses pentes, impressionante vallée mélangeant nature et important trafique routier avec merveille*, que je pose mon engin, rejoint par mon père dans une petite auberge. L’Euro fait rage, ce soir c’est Pologne-Russie. Pas de quoi s’affoler…
Pasta Bolognese. On change pas une équipe qui gagne.




*Le San Bernardino étant très utilisé (il y a le col ouvert l’été et le tunnel ouvert à l’année), une autoroute mène j’usqu’au tunnel. En pleine nature et avec des pourcentages parfois élevé, tournant autour de la route « classique », perdu entre nature et traffique, l’impression du lieu reste un moment spéciale. 



Apparition du soleil au Tessin!


« Pour grimper le St-Gothard sous la pluie à la tombée de la nuit, il m’a fallu une belle paire de jambes. Pour le descendre sous la neige au petit matin, il m’a fallu une belle paire de c…  »



St-Gothardpass, 12 Juin 2012, 8h30. Sous la neige.



jeudi 23 août 2012

Nuit deuxième: St-Gothardpass, Schweiz.





Nuit deuxième : St-Gothardpass 2106m. Auberge
Km 270. 11 Juin 2012. Canton du Tessin. CH.

Les chiffres du jour :
Km: 129
Temps: 8h36minutes
Cols: 3
Dénivellation positive: 3800m








Premiers cols alpins, premières choses sérieuses. Parti très tôt du lac de Brienz sous une faible pluie, à l’assaut du majestueux Grimselpass, culminant 1600m plus haut, à 2165m d’altitude et ralliant le canton de Berne (Haslital, source de l’Aare) au canton du Valais. 


Premier 2000 de Bike for Africa, col 2
On attaque fort avec ce premier 2000 de Bike for Africa. Un col que je connais bien, mais qui  même connu reste dur et très long (26km depuis Innertkirchen). Et lorsque la pluie, faible mais si fraîche, s’en mêle, son ascencion devient interminable.
Celle-ci commence doucement avec quelques km de faux plats avant les premiers pourcentages, s’intensifiant au fil des km. Entrecoupé de petits replats permettant un peu de repos, le Grimselpass reste un col plutôt roulant. Néamoins, arrivé au premier des deux lacs précédents le col de quelques km, le Bödensee, une pluie aussi violente que froide  me rappelle qu’ici dans les alpes l’hiver est présent toute l’année. La neige n’est pas loin et c’est avec gants et bonnet que je finis cette ascencion pour le moins fraîche. Ce qui n’enlève rien, heureusement ( !), à la magnificience de cette région, renforcée par ces murs de neige entourant les derniers km d’ascencion et atteignant au sommet les 5m. A 10 jours de l’été, l’hiver me paraît bien proche. Chocolat chaud au sommet ! Avant une descente sur Gletsch dans le Haut-Valais qui me permet d’admirer le glacier du Rhône. Enfin ce qu’il en reste ! Valais oblige, quelques rayons de soleil bienvenu pour entamer la descente sur Ulrichen.

Bien épuisante matinée,  qui pourtant n’est qu’une mise en bouche par rapport à l’après-midi qui m’attends : à commencer par le Nufenenpass !
                                                                                   
                      
A gauche le glacier du Rhône

Culminant à 2478m d'altitude, plus haut col routier entièrement Suisse*, et ralliant le Valais (Ulrichen) au Tessin (Val Bedretto-Airolo), le Nufenenpass est un col exigeant pour tout cycliste. Plus court mais plus raide que le Grimselpass précédemment grimpé, il a sensiblement le même profil que le mythique "Alpe-d'Huez", bien connu des suiveurs du Tour de France. 13km à 8,6% de pente moyenne. Avec un seul replat après 4,5km mais des passages dépassant les 10% il reste un col difficile en « tout temps-tout matériel ». Mais aujourd’hui il fait bien froid sur ces pentes, et mes 22kg de bagages (103kg pour mon vélo et moi-même) ne vont pas faciliter son ascencion. Bien au contraire.
 

Après une courte pause à Ulrichen, c’est requinqué et confiant que je m’engage à l’assaut de ce splendide col. 1km de plat, puis un panneau indiquant « Nufenenpass 13km ». Droit derrière la route se met à grimper à 9-10%. Le ton est donné. Au fil des km, toujours aussi raide, les arbres disparaissent peu à peu, les névés se font de plus en plus  fréquents. Peu à peu mes jambes perdent de leur énérgie et se mettent à douter, demandant quelques pauses.


Pause
Mon compteur n’indique guère plus que du…7 km/h. Seul les paysages splendides de cette région viennent à mon secours. Mais bientôt mes jambes disent « stop » . C’est ma tête qui pédale. Lentement, mais sûrement. A force de prendre de l’altitude, le froid devient piquant. De chaque côté de la route se dresse des murs de neige, atteignant par endroits les 6-7m et m’accompagnant jusqu’au col. Impressionnante sensations que de pédaler au milieu de tout ça… Et c’est totalement épuisé et refroidi que j’atteinds le sommet, plus de 2h après avoir quitté Ulrichen. Au sommet justement, le panorama est splendide : d’un côté vue sur le Haut-Valais, de l’autre vue sur le Val Bedretto plongeant  vers le Sud. Malheureusement le beau temps n’est toujours pas au rendez-vous et quelques flocons font leur apparitions. L’hiver est bien de retour semble-t'il.

Passionné de montagnes mais pas de vélo, mon père a decidé de me suivre quelques jours en voiture et me rejoins au col une heure plus tard. C’est donc allégé de quelques kg que je continue ma route. Bonne nouvelle, mes 22kg de bagages commencaient à peser vraiment lourd !!!


Altitude 2478m , 3°C au thermomètre, 22km de descente : 
l’équation est posée. Gants, bonnet, cagoule, chaussettes d’hiver et
« caleçons longs » pour la résoudre.


Longue descente, donc, sur Airolo avec le retour d’un temps plus claimant, Tessin oblige. Magnifique vallée que le Val Bedretto, avant d’attaquer le St-Gothard, culminant à 2106m d’altitude. 13-14km d’ascension à 7% suivant le chemin emprunté : la route classique aux allures d’autoroute ou la vieille mais non moins somptueuse route pavée, serpentant avec ces innombrables lacets à travers cette montagne abrupte jusqu’à l’Hospice du St-Gothard. Malheureusement pas encore dégagée, la vieille route est encore fermée. C’est donc sur la route classique que je m’engage à vive allure, peu après 19h00.
Bien que très roulante, cette dernière ascencion va vite devenir un long chemin de croix.  Reboosté par la pause au Nufenenpass, mon énérgie retrouvée n’est que passagère et la pluie froide qui fait son retour après quelques km ne va pas améliorer le tout. C’est donc peu avant 21h00 que j’arrive enfin au col, complétement crevé, glacé et affamé, après 129km, 8h36  de vélo et 3800m d’ascenscion. Monstrueuse bolognaise après cette mostrueuse étape.



*Avec ces 2503m, l'Umbrailpass est le plus haut col routier de Suisse, cependant il est frontière avec l'Italie, contrairement au Nufenenapass, ralliant le Valais et le Tessin.




21h, dernier virage. On apperçoit
les lacets de la vieille route en contrebas


"Il ne faut pas avoir peur d'aller lentement, seulement de t'arrêter"
Nufenenpass, 11 Juin 2012 !  A l’allure de l’escargot jusque tout en haut.  




Bike for Africa pédale pour www.togotochildren.ch

jeudi 16 août 2012

Nuit première: Lac de Brienz, Schweiz.

Les Nuits de Bike for Africa


Le commencement de Bike for Africa filmé:







Premier bivouac de Bike for Africa, Lac de Brienz


Nuit première : lac de Brienz, camping     sauvage.
10 juin 2012, Canton de Berne, Suisse.




Les chiffres du jour:

Km: 141
Temps: 6h40 minutes
Cols: 2
Dénivellation positive: 1400m





Le col des Mosses, premier col de Bike for Africa
Parti à 9h50 de la gare d’Aigle, longue de 141km, nécessitant 6h et 40 min. de pédalages et franchissant deux cols (col des Mosses 1445m et Saanenmöser 1279m), la première journée de Bike for Africa à vécu son épilogue, sous la pluie…

Une jolie petite plage « aménagée » au bord de ce magnifique lac est le lieu idéal pour y planter ma tente et passer une première nuit pleine d’émotions et d’impatience.
Après l’ascension « groupée » et chaleureuse du col des Mosses, marquant le 1er kilomètre de Bike for Africa, je m'en suis parti, seul, en direction des lacs de Thoune et de Brienz. 




Interlaken BE, sous la pluie
Les traversées très roulantes du Pays d’Enhaut et du Simmental en guise de mise en bouche aux imposants cols alpins qui suivront, des demains, les rives des magnifiques lacs de Thoune et de Brienz en guise de dessert de cette première journée et de la pluie sur les 30 derniers km, comme pour me rappeler qu’une journée lors d’un voyage à vélo (alpins qui plus est) a toujours ses petites (ou grandes ça dépend…) difficultés, auront alimentés cette première journée, à la fois tranquille et très forte, de Bike for Africa.
Une fois ma tente plantée, après une bonne ration de macaronis et du gâteau aux poires parce que ça tient, c’est les idées pleines de cols et de km que je m’endors, dès la tombée de la nuit, pour me réveiller dès le lever du jour. Camping sauvage oblige.




Au taquet dès le petit mati



« Bike for Africa est parti, et n’est pas prêt de s’arrêter »
Lac de Brienz, 10 juin 2012, 21h00. Km 141 !




Bike for Africa pédale pour  www.togotochildren.ch/